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Réseau Scientifique
International Bioéthique
et Développement
R S I B & D

IIe édition FAIB23

CADRE ET CONTEXTE

1) Cadre

Le Forum Africain et International de Bioéthique (FAIB) est un événement académique et intellectuel qui est organisé tous les 2 ans par l’Institut Africain de Bioéthique en partenariat avec plusieurs institutions académiques africaines et internationales. Il vise à rassembler, en un lieu précis dans un pays d’Afrique francophone, les acteurs contemporains de la réflexion bioéthique sur une thématique bioéthique en rapport avec les évolutions des sociétés en général, et des sociétés africaines en particulier. Le FAIB se veut un moment d’échange et de partage des connaissances sur les sujets d’ordre bioéthique qui ont cours dans le monde, avec une particularité qu’il se donne pour objectif de stimuler la réflexion, le débat et la curiosité sur la manière dont les sociétés africaines s’approprient les différents enjeux y afférents. Le FAIB se positionne également comme un cadre théorique pour une bioéthique francophone africaine. À ce titre, les résultats de ces rencontres académico-intellectuelles pourraient constituer des lignes directrices en matière de bioéthique en Afrique francophone, ou être structuré comme une motion pouvant être débattue dans une assemblée parlementaire africaine et orienter ainsi les politiques en matière de santé publique, de gouvernance technologique et de biopolitique. Les thématiques qui sont débattues dans le cadre du FAIB ne sont ni dogmatiques ni idéologiques ; elles sont pensées et choisies en tenant compte à la fois de la réalité sociologique africaine et des enjeux mondiaux en relation avec les développements de la bioéthique. A cet effet, elles se veulent temporelles et se démarquent grâce à une approche qui préconise le progressisme mais en tenant rigoureusement compte de l’éthique ou l’axiologie qui émane des cultures africaines.

2) Contexte d’accueil

Cette deuxième édition du FAIB, baptisée « FAIB23 » fait suite à la rencontre de Paris avec le groupe de réflexion « Afrolongevity » qui prépare un sommet sur l’afrolongévité en Afrique du Sud, soutenu par la Methuselah Foundation, Lifeboat Foundation, Humanity, Heales entre autres, avec les participations effectives du Dr Aubry De Grey (Methuselah Foundation), Dr Natasha Vita-More (Humanity), Brenda Ramokopelwa, Dr Charles Awusie (Afrolongevity) et Didier Coeurnelle (HEALES). L’importance de cette rencontre se situe au niveau même de la problématique au cœur des recherches scientifiques en cours sur la longévité, notamment la question du vieillissement comme maladie. La bioéthique se saisit de ce questionnement fort contemporain à partir du moment où la biomédecine, les technologies biomédicales ou encore la techno-médecine envisagent d’intervenir dans les limitations biologiques pour ralentir le vieillissement avec l’ambition démesurée de stopper simplement tout processus du vieillissement humain. Le FAIB23, en mettant en avant le vieillissement comme problématique bioéthique contemporaine, veut positionner d’une part, la réflexion autour d’un débat francophone dans un contexte anglo-saxon dominant, et d’autre part, apporter une contribution africaine à l’éthique du vieillissement.

ARGUMENTAIRE

3) Fil conducteur

En Octobre 2022, le futuriste Dr Jose Cordeiro prenant la parole lors du Dubaï Future Forum a affirmé que toute personne qui sera toujours en vie en 2030, aura une bonne chance de vivre pour toujours. Cette affirmation, bien que futuriste, donc plus ou moins utopique, n’est simplement pas une déclaration à visée médiatique. Elle semble aujourd’hui de plus en plus partagée par des scientifiques reconnus qui travaillent sur de modélisation de différents processus du vieillissement biologique de l’être humain. Au cours de ces dernières décennies, nous avons assisté à un boom de la recherche sur la longévité. La découverte des 9 signes du vieillissement, dont on a entendu parler pour la première fois en 2013 dans la revue Cell, nous a amené à comprendre ce qui se passe lorsque nous vieillissons. Notre corps subit une série de processus au fil des ans. Ces processus sont chimiques, physiques, physiologiques et biologiques et nous rendent incapables de lutter contre les maladies qui, dans la plupart des cas, nous conduisent à la mort.

Or, la recherche sur la longévité progresse de plus en plus depuis au moins le Botox (toxine botulique) des années 2002, qui a jeté les bases de la médecine du rajeunissement sur le marché américain ; le développement de la biogérontologie (Bourg, 2012) et les sociétés de biotechnologies comme CALICO Labs, ainsi que les thérapeutiques anti-âges, incluant des recherches sur les cellules souches, les radicaux libres, les télomères, ainsi que des substances comme la DHEA, la Metformine ou encore les sénolytiques etc. Cette propension vers la médicalisation du vieillissement soulève la problématique de la classification du vieillissement comme une maladie.

4) Problématisation

L’approche médicale du vieillissement est aujourd’hui une hypothèse largement partagée dans les milieux universitaires, intellectuels ou de recherche en Occident et en Asie. On peut, à cet effet, recenser quelques entreprises privées et/ou organisations occidentales qui se sont lancées plus ou moins dans la recherche de solutions médicales au vieillissement ou à la réjuvénation , notamment la Fondation Longevity Escape Velocity (LEV) créée en 2022 par Aubrey de Grey ; Hevolution lancé en 2021 à Riyad en Arabie Saoudite ; Altos Labs qui intègre des personnalités scientifiques comme le japonais Shinya Yamanaka ; la Fondation Chan Zuckerberg appartenant au Dr Priscilla Chan et Mark Zuckerberg, Vita Dao, HEALES dirigé par Didier Coeurnelle, Lifespan Extension Advocacy, Healthspan Action Coalition de Bernard Siegel, The Alliance for Lanfevity Initiatives (A4LI), The Healthy Longevity Medecine Society basée à Singapour. Leurs démarches concertées ou non se résument en deux étapes distinctes : La première étape, qui consiste à faire reconnaitre le vieillissement comme une maladie, est déjà fort répandue car scientifiquement plausible. La seconde étape, plus ou moins idéologique, est de vaincre le vieillissement, c’est-à-dire stopper littéralement tout processus de vieillissement biologique chez l’être humain pour atteindre un état qu’on appelle « amortalité ».

En Afrique, la recherche autour du vieillissement est plutôt pragmatique. Elle est tournée vers le confort esthétique, le besoin d’apparence et de bonne santé. En 2019, l’espérance de vie moyenne sur le continent africain était de 63 ans dont 56 en bonne santé. Les individus ainsi que les sociétés africaines n’ont pas encore rigoureusement problématisé le vieillissement ni la réjuvénation comme un enjeu de survie ou de politiques socio-économiques, démographiques et écologiques. C’est-à-dire que le vieillissement et par ricochet la longévité, ne sont pas encore classifiés ni catégorisés comme une problématique de santé publique au sens d’une pathologie générale. Il y aurait plusieurs facteurs qui expliqueraient ce déphasage de considération avec ce qui se passe actuellement en Occident au niveau de la recherche scientifique et des organisations anti-âges. Le premier facteur est lié à la catégorisation de la vieillesse en Afrique. En général, Il existe deux perceptions socio-anthropologiques du vieillissement en Afrique : La première fait du vieux une autorité ancestrale qui comporte une valeur positive pour la sécurité et la perpétuation de la communauté sur le plan spirituel et matériel. A ce titre, le vieillissement est perçu comme une phase du développement humain très importante et nécessaire. Il faut absolument avoir été capable de vieillir pour prétendre à une consécration au titre d’Ancêtre, ce qui dans la hiérarchie de la société traditionnelle africaine, est le titre le plus haut qu’un individu puisse atteindre sur terre. La seconde fait du vieux une source de désolation : Des vieux/vieilles qui sont réputé(e)s être de mauvais esprit sont pourchassé(e)s, stigmatisé(e)s et répudié(e)s parfois à tort ou à raison. Leur vieillesse est donc perçue comme quelque chose de négatif pour la famille, la communauté ethnique et la société en général.

Il existe donc un paradoxe qui s’impose par la perception culturelle et anthropologique du vieillissement en Afrique, qui ne peut pas engager les mêmes articulations ni les mêmes objectifs en Occident. Ainsi, en mettant en avant la problématique bioéthique du vieillissement, nous pouvons organiser la réflexion théorique autour de cinq points non exhaustifs : (1) La pertinence éthique de la biomédecine du vieillissement ; (2) Les valeurs morales de la longévité dans la société africaine ; (3) Les risques des biotechnologies de la rejuvénation sur la santé globale et durable des individus et des populations ; (4) La diversité et l’accessibilité des solutions anti-âges ; (5) Et enfin la question de l’amortalité comme propédeutique philosophique à l’immortalité.

D’un tout autre côté et ceci en tenant compte de la seconde perception qui est dévolue aux personnes âgées en Afrique comme source de malheur ou de désolation, la bioéthique en Afrique doit se pencher sérieusement sur les modèles éthiques d’accompagnement au vieillissement (bien vieillir, vieillir en bonne santé) ou à la rejuvénation. Comment optimiser l’autonomie des personnes âgées en situation de maladies liées au vieillissement ? Les accompagnements en fin de vie pour les personnes âgées en Afrique doivent-ils être encadrés par une loi bioéthique nationale et

panafricaine ? L’introduction des assistants virtuels ou robotiques auprès des personnes âgées en Afrique est-elle compatible avec la perception africaine du care ?


OBJECTIF DU COLLOQUE

5) Objectif


Pour cette seconde édition, le FAIB veut faire rentrer la question de la longévité comme une nouvelle priorité sociale et politique en Afrique. Cet objectif général s’intègre dans la vision prioritaire de l’UNESCO pour l’Afrique, notamment à travers son « programme phare 1 ». Il s’agit exactement d’ouvrir le débat sur les réelles valeurs de la longévité en Afrique et apporter une contribution aux pistes de recherche sur le vieillissement en partant des connaissances culturelles africaines et scientifiques avec une articulation éthicologique sur les valeurs que promeut la Déclaration Universelle de l’UNESCO sur la Bioéthique et les Droits de l’Homme.


6) Résultats attendus

  1. Publication des actes du FAIB23.
  2. Affiliation aux initiatives internationales en matière de rallongement de la durée de vie en bonne santé.
  3. Contextualisation des thématiques sur la longévité et la rejuvenation en Afrique francophone
  4. Incorporation des thématiques liées à la longévité dans les curricula d’enseignement universitaire
  5. Mise en place de séminaires académiques centrés sur l’analyse du vieillissement à travers des composants thérapeutiques africains
  6. Ouverture d’une branche de « Afrolongevity » version francophone

APPEL A COMMUNICATION & PANELS

Les contributions, en français ou en anglais, peuvent relever de :

  1. Propositions individuelles ou Keynotes (400 mots) comprennent une présentation du sujet, de la problématique, des hypothèses de travail, de la méthode, des données empiriques ou théoriques analysées, et des principales références bibliographiques.
  2. Propositions de panel comprennent les propositions de communications individuelles (400 mots) des intervenants et une présentation générale (800 mots) de la thématique du panel, de la problématique ciblée et de ses enjeux.

THEMATIQUES

Keynotes :
Afrolongevity, HEALES, AFT-Technoprog, LEV, Healthy Ageing Association Cameroon, Association

Camerounaise pour la Prise en charge des Personnes Agées, Expérience de vie et Témoignages

Projection cinématographique suivi d’une table ronde :


Pourrions-nous devenir immortels ?

Synopsis : L’humanité rêve depuis la nuit des temps d’une fontaine de Jouvence. Un rêve peut-être devenu réalité. Des laboratoires du monde entier annoncent avoir rajeuni des espèces animales aussi différentes que la souris, le nématode ou la mouche drosophile. La recherche anti-âge a réussi l’impossible : ces animaux vivent plus longtemps et en meilleure santé. Prochaine étape, les êtres humains ?


Propositions individuelles:

Clarifications conceptuelles (Gérontologie, Biogérontologie, Gériatrie, Longévité, Vieillissement, Agisme, rejuvénation) Histoire du longévisme, Etat des lieux de la recherche sur le vieillissement, Théories et Pratiques, Anthropologie africaine du vieillissement,

Propositions de Panels (non exhaustif) :
Philosophie / Éthique : Amortalité et Immortalité; Philosophie et Vieillissement; Histoires et Traditions

antivieillissement , Longévisme et Transhumanisme

Médecine / Biologie : Interventions non médicamenteuses et pharmacopées africaines, Thérapies anti-âge, Vieillissement et Médecine, Santé publique et Vieillissement

Société / Politique: Longévisme et Société ; Accompagnement de fin de vie en Afrique, Vieillir en bonne santé et Démographie, Sociologie du vieillissement, Politiques sociales et Vie

Religion / Spiritualité : Anti-âge et Religion, Vieillissement et Spiritualité Africaine, Egyptologie et Immortalité

 

COMITE SCIENTIFIQUE

Comité scientifique

 

Prof. NJOH MOUELLE Ebenezer – Prof. KENMOGNE Emile – Prof. TSALA MBANI André Liboire – Prof. CHATUE Jacques – Prof. TEGUEZEM Joseph – Prof. MONDOUE Roger – Prof. NODEM Jean Emet – Prof. MELI Vivien – Prof. FOUELEFACK Christian – Prof. MESSANGA Gustave – Prof. ATSATITO Mathias – Prof CHOUKEM Siméon – Prof. TEUGWA Clautilde – Dr. Armand NGAKETCHA – Prof. POAME Lazare – Prof. KOUVON Simon – Prof. MISSA Jean Nöel – Prof. DURAND GUILLAUME – Prof. DUPRAS Charles – Dr AUBRY DE GREY – M. COEURNELLE Didier – Prof. DJientcheu Vincent de Paul – Prof. Tatidjo Ismaila

 

Préprogramme du FAIB 23

 

06 décembre 2023

 Keynotes
 Documentaire
 Communication individuelle (1ère partie)


07 décembre 2023

 Panel
 Communication individuelle (2ème partie)


08 décembre 2023

 Table ronde de synthèse  Résolutions
 Allocations de fin